L’avocat français de Sonko passe à l’acte. D’après le journal français Le Figaro, il a déposé une demande d’enquête à la CPI contre le président Macky Sall, le ministre de l’Intérieur Antoine Diome et le général Moussa Fall pour «crimes contre l’humanité».
Une première dans l’histoire politique du Sénégal. Une plainte a été déposée en France et une demande d’enquête soumise à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye contre le président de la République Macky Sall pour «crimes contre l’humanité», a annoncé mercredi à l’AFP un avocat français de l’opposant sénégalais Ousmane Sonko. Le journal Le Figaro qui donne l’information, ajoute que ces procédures pour «crimes contre l’humanité» visent également le ministre de l’Intérieur Antoine Diome, le général Moussa Fall, commandant de la gendarmerie sénégalaise, «ainsi que 112 autres individus», et concernent la période allant «de mars 2021 à juin 2023».
Sur sa page Facebook, Juan Branco affirme avoir recueilli «4 500 éléments de preuve» et avoir identifié «112 suspects» dans les répressions des manifestations de mars 2021 et des 1er et 2 juin derniers qui ont fait 16 morts selon le gouvernement, 30 morts d’après le parti Pastef.
Selon les procédures engagées, ces «crimes contre l’humanité» ont été «commis dans le cadre d’une attaque généralisée et systématique de la population civile». Macky Sall et Antoine Diome ont «ordonné et supervisé la commission» de ces crimes «contre des manifestants désarmés depuis le mois de mars 2021», affirment les requêtes, évoquant «des meurtres, tortures et disparitions forcées».
M. Branco affirme avoir établi «le meurtre de 50 personnes» entre mars 2021 et juin 2023. Une conférence de presse organisée par l’avocat français est organisée jeudi à Paris pour présenter les procédures engagées. Toute personne ou groupe peut déposer une demande d’enquête auprès du procureur de la CPI. La juridiction décide ensuite si elle ouvre une enquête ou pas, selon le journal.
Dans son mémorandum qu’il a présenté hier, Ousmane Sonko accuse le président de la République Macky Sall et les ministres Pape Malick Ndour et Doudou Ka d’avoir recruté des nervis, accusés par certains d’être en partie les responsables de ces tueries. Il accuse également le Haut commandant de la gendarmerie nationale et de la police d’avoir laissé faire les nervis. Ces morts sont liés à l’accusation contre Ousmane Sonko, le principal opposant au pouvoir, de «viols répétés et menaces de mort» sur la masseuse Adji Sarr. Des accusations que le leader de Pastef rejette catégoriquement. Il s’agit, selon lui, d’un complot visant à l’écarter de la présidentielle du 25 février 2024.
Charles Gaïky DIENE avec Le Figaro